Homélie des Obsèques
Il est évident que dans une occasion pareille les sentiments qui nous habitent sont loin d’être paisibles. Doute et révolte se conjuguent devant le drame de la mort, d'un proche. Surtout une mort aussi imprévisible, aussi violente, aussi jeune qu’est celle d'Edouard. On peut être amené à se poser des questions pourquoi lui ? Pourquoi cela est il possible à cet âge, ou projet, promesse de mariage et de fondation d'une famille s'ébauchent avec sa compagne Christiane ?
Pourquoi, l'instrument de travail, d’épanouissement, devient-il instrument de mort, et donc d’échec ? La vie aurait-elle encore un sens ? C’est au cours de ce questionnement que les textes bibliques choisis par la famille viennent nous rappeler à l’espérance.
Dans la première lecture du livre de la sagesse, nous lisons : que Dieu a créé l'homme pour existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu'il est lui-même. La vie du juste est dans la main du Seigneur aucun tourment n'a de prise sur lui. Dieu a créé l'homme, c'est-a-dire qu'il a appelé à la vie. Il n'a pas pu l'appeler en même temps à la mort qui serait la négation de la vie. Il ne peut pas vouloir à la fois d'une même volonté la vie et la mort. Et s'il admet la mort, ce n'est pas parce qu’elle détruit la vie, mais au contraire parce qu’elle en fait éclater les 1imites ; c’est parce que la mort nous fait échanger cette vie terrestre, si fragile, et si bornée, pour une existence impérissable. Pourtant Il est vrai que la mort nous apparaît à tous comme une brisure, comme un échec, comme un fion. Et lorsque la mort enlève quelqu'un que nous aimons, qui tenait une grande place dans notre vie quotidienne, nous avons beau être croyants, la part d'incroyance qui au fond de chacun de nous fait entendre sa voix et murmure cette tentation : « nous sommes nés par hasard et après, nous serons comme si nous n'avions jamais existé ».
Cette tentation, nous sommes ici pour la repousser. C'est tout le sens de l'assemblée de prière qui nous réunit en ce moment. Les raisonnements de sens commun, d’expérience universelle, qui nous suggère que la vie n’a pas de sens, peuvent être vraie a ras de terre, mais leur insuffisance semble évidente si nous essayons de voir les choses au point de vue de Dieu. Vous êtes venus nombreux à rendre hommage a Edouard, à sa vie si courte; pourtant si intense. Car la valeur d'une vie n'est pas toujours dans le nombre d'année mais par l'intensité d'amour avec laquelle on la mène. Toutes ces couronnes que vous avez amenées en témoignent longuement. D' ailleurs par ses parents, j'ai appris à le connaître comme un jeune, serviable, gentil, attentionné, doux, discret, bon vivant, très sociable, sportif (ski moto, planche à voile). Le ne peux pas ici faire l'impasse sur sa complicité avec son neveu Thomas. Aujourd'hui, il vous laisse ce patrimoine d'amour que vous aurez à fructifier autour de vous.
Chers amis, chers parents, Monsieur et Madame tayeb, Madame Aussourd, Isabelle Tayeb, Christiane Quéré, vous perdez en Edouard un fils, un frère, un compagnon. Chers collègues de services, chers amis vous avez eu des projets ensemble, vous avez passé des moments de joie ensemble. Tout s'est arrêté pourtant brutalement. Mais dites vous, en cet instant que tout passe, tout s’efface, tout décline à vos yeux, que l'amour reçu et donné dans cette brève tranche de vie d'Edouard, demeurera. Saint jean de la croix dira : « qu'au soir de notre vie nous serons jugés sur l'amour ». Aujourd'hui dans la foi, nous pensons, qu'Edouard a rencontré le Seigneur qui nous dit dans l'Evangile :
« Tous ceux que le père me donne, viendront à moi ; et celui qui vient à moi, moi, je ne vais pas le jeter dehors ». Par son baptême, il est configuré au Christ et il a part à l'héritage promis au saint.
Et vous, jeunes de mon âge, vous tous qui formez cette Assemblée. La vie vaut la peine d'être vécue. La mort peut être pourtant scandaleusement imprévisible. Alors en accompagnant Edouard à sa dernière demeure, puissions-nous prendre la résolution de donner un sens à nos vies à travers l'amour donné à Dieu et aux hommes nos frères.
Et vous travailleurs de la SNCF, collègue d'Edouard, que cette occasion, vous aide à amorcer une réflexion sur vos conditions de travail. |